Toi,
Creґature
De femme non terrestre!
Pas la Muse, non, pas la Muse,
Qui donc, au-dessus de mon pauvre landau
Me berc  ait de chansons,
Par la main — qui donc me conduisait?
Pas la Muse. Qui donc reґchauffait
Mes mains froides, mes paupie`res bru  lantes
Qui les rafrachissait?
Qui deґgageait les me`ches de mon front? — Pas la Muse,
Qui m’emmenait a` travers les grands champs? — Pas la
Muse.
Pas la Muse, nulle tresse noire, nul bijou,
Nulle fable — deux ailes cha  tain clair: voila` tout.
Courtes — surplombant chaque sourcil aileґ.
Torse harnacheґ.
Panache.
Lui n’a pas veilleґ sur mes le`vres,
Ni beґni mon sommeil.
Ni pleureґ avec moi
Sur ma poupeґe briseґe.
Tous mes oiseaux — pour la partance
Il les la  chait — puis — l’eґperon nerveux,
Sur son cheval rouge — entre les monts bleus
De la deґba  cle fracassante.
— Oh! les pompiers! Partout c  a hurle!
Lueur du feu — partout c  a hurle!
— Oh! les pompiers! L’a  me qui bru  le!
Pas la maison, qui bru  le?
La cloche d’alarme hulule.
Vas-y, balance-le, ton bulbe,
O cloche d’alarme! Pullulent
Les flammes! L’a  me bru  le!
Dansant des ravages du beau,
Aux gerbes rouges des flambeaux
J’applaudis — je bondis — rugis,
De moi l’eґclair — jaillit.
Qui m’a tireґe d’ou` c  a crache et gronde?
Quel aigle m’a ravie? — Je m’y perds.
J’ai sur moi une chemise — longue —
Avec un rang de perles.
Clameur du feu, cliquetis de vitres...
Sur chaque visage, au lieu d’orbites —
Deux brasiers luisent! — les lits s’eґplument!
On bru  le! On bru  le! On bru  le!
Craque donc, milleґnaire bahut!
Crame, toi — magot, masseґ, reclus!
Ma maison: souveraine au-dessus.
Que souhaiter de plus?
Oh! les pompiers! — Que le feu redouble!
Fronts peintureґs d’or, tous — au fourneau!
Incendie: oh! tiens debout, debout!
Que croulent les poteaux!
Soudain quoi — a crouleґ — si soudain!
Un poteau? — Pas crouleґ!
Vers le ciel — fol appel de deux mains —
Et le cri: Ma poupeґe!
Qui — me suivant — galope, deґvale,
Me jetant un il-juge?
Qui — me suivant — roule d’un cheval
Rouge — a` la maison rouge?
Un cri. De ceux qui passent le mur
Du cri. La foudre, et lui:
Brandit la poupeґe comme une armure,
Droit comme l’Incendie.
Tsar dresseґ parmi les feux fugaces,
Et son front se laboure.
— Je te l’ai sauveґe, — a` preґsent: casse!
Et libe`re l’Amour!
Soudain quoi — a crouleґ? Pas le monde,
Non! Lui n’a pas crouleґ!
Mais deux mains — suivant — l’eґquestre, montent
D’une enfant — sans — poupeґe.
Cruelle lune — aux volets s’ache`ve.
Voila` mon premier ra  ve.
Enlaceґs rudement.
Plus bas: bruit du torrent.
Monte a` nos pieds leґgers
De l’eґcume envoleґe.
Enlaceґs sans murmure:
Les colonnes d’eґcume!
Je suis tous ses harems,
Il est tous mes emble`mes.
Brusque entrelacs d’eґpaules:
Flanc contre flanc, et paumes...
A nos pieds deґchausseґs
L’eґcume vient mousser.
— Du pont... Chiche! Et sur l’heure!
Que j’y lance une fleur...
Il voit — et — simplement
D’un bond — dans le torrent!
Est-ce le pont, ou bien moi — qui tremble?
Sang ou vague — en eґmoi?
Glaceґe, je regarde — sans comprendre
Ma vie — qui se noie.
Qui soudain — d’un
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Цветаева М.И.   Если душа родилась крылатой